vendredi 25 avril 2008

CHAIR ET ECORCE


Aux gestes obscurs du blé
L’harmonie se délie
Et la mer répare souvenirs
et silences

L’écorce a craqué

Au premier jour
Nous avions autour de nous
L’écume du mystère
L’histoire suivait son cours
Dans la recherche précipitée des galets
Nager n’était plus facile
Bientôt e fut le rite
La consécration des responsabilités
La sauvagerie n’étant plus utile dan nos jardins
Nos roses connaissent la sagesse de l’Orient

La paresse étonnée des kacidates

Et voici le charme :

Tout d’abord intelligemment
Frotter de musc les miroirs
Libérer les esclaves du Soir
Après la prière finale
Taper insolemment des mains
Se laisser enrouler et se tordre dans la nuit
Et dans un sourire s’assoupir
Dans la splendeur tragique
des émeraudes de l’oubli

Il y a si longtemps que je l'aime

SUR LE VIF





Métamorphoses

à Ingrid & Michel Terral


Celle qu’il aime
Ici et maintenant
Durablement
Se décline en triomphatrice
Se nomme en fait à l’état civil
Liberté, houria
patronyme courant de la précédente
que la règle civile incline au double
au trouble
ah ! ces prénoms de circonstances
époque de sanglant lyrisme
aux lendemains chantant
plus fort que les coqs
sur les terres du Couchant

où est le vrai
où est le faux
le cœur
l’amour
l’état civil
la mort
tout est métamorphose
comme ces nuages qui crèvent
puis reviennent
les amis perdus sur les chemins de la vie
retrouvés au détour d’un spasme de la mémoire

nostalgie
mélancolie
tendresse
semblables aux collines du Gers
grasses moutonneuses
immuables



La Robin ( Lombez)
31 mars 2008





dimanche 13 avril 2008

GRANS ENTRETIENS LITTERAIRES / CHARLES BONN


Charles BONN:
La modernité est la marque principale de la littérature maghrébine en rupture dans les années années 70
On revient depuis les 80 à une écriture plus traditionnelle, plus traditionnelle se réclamant surtout de son contenu

1. Au lendemain des indépendances des pays du Maghreb, on a hâtivement , parfois, annoncé le dépérissement des littératures de langue française issues de ces pays. Comment expliques-vous la vitalité nouvelle qu'elles ont connue ces dernières années, en particulier du côté des Algériens?
C.B. : Je crois d’abord qu’il y avait là une erreur de fond due à une définition de l’identité par la langue dont on sait les ravages qu’elle a opérés, particulièrement en Algérie ! C’est dû à l’analyse dominante à l’époque de la Guerre d’Algérie, autour de Sartre, Fanon ou Memmi et des théories de l’ »aliénation ». Depuis, on s’aperçoit enfin que la pluralité linguistique est une richesse. Mais il aura fallu du temps et des dégâts pour sortir de ces simplismes idéologiques ! Je dirai plutôt que ces littératures se sont le plus souvent construites, au départ, tant dans les années 50 contre le colonialisme, que dans les années 70 contre les régimes en place et plus globalement ce qu’on appelait alors l’impérialisme, dans une dynamique d’opposition politique qui a créé une attente du public, attente que les écrivains ensuite ont dû subvertir à leur tour pour ne pas se limiter à un rôle de polémistes. Mais de toute façon l’attente des lecteurs est fondamentale, et cette attente est le plus souvent modelée par une actualité politique.
2- La définition d'une identité nationale de la littérature a donné lieu à des controverses interminables, sinon à des polémiques virulentes. Est-ce due, à votre avis, à la trop proximité de l'acte de naissance de cette littérature (de langue française) avec la sphère politique ?
C.B. : Effectivement on est dans un domaine, commun d’ailleurs à toutes les littératures « émergentes », où le politique joue un rôle beaucoup plus important que dans des littératures plus anciennement reconnues. Cette lecture politique, souvent exclusivement politique, place le créateur dans une situation de malentendu, et Tahar Ben Jelloun entre autres a consacré à ce malentendu un certain nombre d’articles. Mais je dirai que ce malentendu lui-même est fécond : toute littérature est création constante de nouveaux modes de signification, de mots pour dire ce que nos mots courants sont incapables de dire. Et cette création doit nécessairement se placer dans le malentendu, puisqu’il s’agit de ce qui n’a jamais été entendu jusque là dans l’espace culturel dans lequel cette littérature fonctionne. Mais pour revenir à votre question ce malentendu idéologique des littératures maghrébines est effectivement lié, selon moi, à leur situation de littératures récentes, portées dans leur émergence par une attente politique. Cependant lorsque la distance avec le politique sera progressivement prise, il y aura forcément d’autres malentendus, d’autres ambiguïtés, faute de quoi il n’y aurait pas de littérature. Comme la séduction, dont elle est très proche puisque c’est quand même d’abord une activité de plaisir, la littérature vit de l’ambiguïté. Elle en est en quelque sorte consubstantielle, et c’est aussi par quoi elle se distingue le plus de l’idéologie, qui suppose en ce qui la concerne la signification univoque. Le réel, comme la littérature, comme la séduction, ne sont jamais univoques !
3- Aujourd'hui, plus que jamais, cette littérature est produite entre les deux rives de la Méditerranée. Le roman modèle littéraire " déplacé ", par excellence y est devenu un genre majeur. Aujourd'hui, le roman maghrébin puise-t-il son altérité- et partant sa singularité- de ses formes d'écriture ou de ses thématiques ?
C.B. : J’avoue que je ne comprends pas bien votre question, qui semble contenir déjà sa réponse dans sa formulation, ou alors toucher à plusieurs points dont je ne vois pas le rapport. On peut dire en effet que le roman est un genre importé, typiquement occidental à l’origine, et qui reste marqué dans tout le monde arabe par cette origine. Or la modernité telle que vécue dans les littératures européennes depuis la fin du XIXème siècle suppose une rupture formelle et souvent personnelle du créateur avec les normes sociales, morales et discursives de sa société, seule manière pour être fécond. Et cette rupture se traduira entre autres par une attention soutenue au signifiant pour lui-même, c’est-à-dire à la forme littéraire en rupture avec ses modèles, plus encore qu’à la subversion des thèmes véhiculés. Cette modernité a été la marque principale d’une littérature maghrébine en rupture, à la lecture souvent difficile, dans les années soixante-dix. Actuellement on revient, depuis les années quatre-vingt, à une écriture plus traditionnelle, plus transparente, se réclamant surtout de son contenu. C’est peut-être ce que certains appellent le « postmodernisme » dans lequel nous nous trouvons.
4- Pour de nombreux écrivains, le recours à une écriture foisonnante, au métissage linguistique et au choc des espaces est devenu un passage obligé. Est-ce le fruit, à votre sens, de la fin des genres? Ou est-il plutôt emblématique d'un rapport particulier au réel?
C.B. : Votre idée de fin des genres est intéressante, en ce qu’elle caractérise un des aspects essentiels de ce que je viens d’appeler le postmodernisme. La modernité des années 70 supposait des genres littéraires « forts », pour s’y opposer et les subvertir. Il n’y a plus actuellement de véritable subversion des genres organisée en système littéraire. Il s’agit plutôt d’une sorte de liquéfaction naturelle de genres de plus en plus transparents, servant le réel plutôt qu’ils ne le violentent ou le transforment. On y verra un bon exemple dans la multiplication des récits autobiographiques, ou dans la prolifération de genres hybrides. Et bien entendu comme vous le dites ça suppose un rapport plus direct au réel, qui ignore presque le signifiant littéraire.
5- Charles Bonn , l'université de Lyon où vous enseignez a organisé au mois de mars dernier un colloque international sur les "Paroles déplacées" d'une rive à l'autre de la Méditerranée? Que faut-il entendre par cette expression et comment fonctionnera le colloque ?
C.B. : L’argument du colloque tel qu’il a été publié répond assez bien à votre question : « La modernité littéraire, particulièrement entre l’Algérie et la France, suppose les déplacements multiples. Passages des hommes entre des univers culturels ou politiques, mais également déplacements de modèles littéraires, comme le roman, ou encore le conte, la chanson, la peinture, le théâtre, etc., vers des espaces qui ne les avaient pas vu naître, où ils n’étaient pas prévus, et où cependant ils vont être modifiés par un nouvel environnement. On peut ainsi parler de paroles déplacées, et quel que soit le mode d’expression qu’elles privilégient, ce voyage va profondément les renouveler. Mais les paroles déplacées sont aussi celles qui véhiculent un discours inattendu, parfois difficilement acceptable. Paroles qui bousculent nos conforts discursifs, nos modèles de communication bien établis, nos définitions de la littérature et des identités. D’une rive à l’autre de la Méditerranée, les déplacements sont polysémiques, et engendrent des expressions surprenantes, lesquelles à leur tour déstabilisent les normes d’expression culturelle comme les définitions, par les uns comme par les autres, de ce qu’est, somme toute, la Littérature. »
6- Des universitaires algériens y ont pris part. Ils sont venus d'Algérie et de l'étranger. Quelles réflexions vous inspirent l'état de la recherche universitaire algérienne en matière de littérature?
C.B. : Il y a eu malheureusement assez peu, proportionnellement, d’universitaires algériens (un peu plus d’une quinzaine) à ce colloque qui proposait 65 communications, et pour lequel nous avions reçu 115 propositions de communications, parmi lesquelles il a donc fallu opérer un tri sévère. Il y avait par contre un nombre important d’universitaires étrangers, principalement américains. Il y a eu peu de français également, ce qui illustre en France un malaise persistant autour de l’étude des littératures qui nous intéressent. Puis-je vous confier que j’ai le plus grand mal, à l’université Lyon 2 où j’enseigne, à les faire accepter dans les programmes ? Il y a toujours en France une sorte de mauvaise conscience, remuée par ces littératures, par rapport à un passé colonial dont la mémoire n’est toujours pas banalisée. C’est certes également le cas, d’une manière différente, en Algérie, et la conjonction de ces deux mémoires contrites fait, par exemple, que les projets de réforme de l’enseignement du français en Algérie ont toujours été faussés, et le sont encore dans la mise en place actuelle d’une Formation doctorale de français, par cette absurdité de vouloir faire du français une simple langue outil, un « français fonctionnel », pour reprendre le terme malheureusement à la mode chez nos technocrates. Ceci n’empêche pas, cependant un nombre très important (plusieurs centaines) de thèses algériennes en cours, souvent abandonnées malheureusement, sur les littératures algériennes. Et si les événements de ces dernières années ont fait baisser un temps le volume des échanges universitaires, ceux-ci sont en train de se remettre en place avec une belle vigueur, qui montre qu’ils correspondent bien à un besoin profond.
7- Le colloque de Lyon s'inscrit-il seulement dans le programme de l'Année de l'Algérie ou traduit -il l'un des moments forts d'une coopération inter-universitaire soutenue entre les deux pays ?
C.B. : Je viens de répondre un peu déjà sur le redéploiement récent de cette coopération, rendu possible entre autres parce qu’on a abandonné, après en avoir vu les ravages, comme je le disais en commençant, une obsession identitaire liée à la langue. En ce qui me concerne je peux apporter des illustrations directement vécues. J’ai géré pendant plus de 10 ans, lorsque j’enseignais à l’Université Paris 13, deux conventions inter universitaires, l’une avec Alger pour la recherche, et l’autre avec Oran pour l’encadrement du magister. La convention avec Alger s’est arrêtée lorsque j’ai quitté Paris 13 pour Lyon, mais maintenant plusieurs universités algériennes, dont Alger, demandent à remettre en place ce type de conventions de recherche partagée. Et en ce qui concerne l’encadrement du magister d’Oran, il connaît depuis que je suis à Lyon un dynamisme qu’il ne connaissait pas encore lorsque j’étais à Paris. Dynamisme pour lequel il convient ici de rendre hommage à l’opiniâtreté de Fewzia Sari et de son équipe, qui ont fait un travail vraiment remarquable et assez unique.8-Un dernier mot ?
Vous remercier de m’avoir donné cette occasion de m’exprimer ! Signaler également le site que nous gérons collectivement sur les littératures maghrébines sur Internet : http://www.limag.com/. Et solliciter des bonnes volontés pour nous aider à compléter les références bibliographiques sur la littérature algérienne dans la banque de données Limag (Abréviation de « Littératures maghrébines »).

Entretien réalisé par Abdelmadjid Kaouah
(Paru dans le Quotidien d'Oran)

lundi 7 avril 2008

PHOENIX











Le blues du châabi




Par Abdelkrim DJILALI

Que reste t-il d’El Anka vingt neuf ans après sa mort? Et que reste t-il d’une oeuvre musicale et plus encore, qui a marqué, c’est peu dire, des génération d’algériens. Tout à la fois, une manière de vivre mais aussi une philosophie de la vie aux ancrages civilisationnels affirmés.
Au-delà des anecdotes qui entourent une légende ou l’histoire d’une fondation, le châabi reste pour preuve et jusqu'à présent, un genre inclassable. On l’a si souvent et naturellement associé au blues, vraisemblablement pour son chant douloureux nourri aux résistances à l’oppression ; à un état d’âme, et, comme dans le jazz, au souffle de liberté. Mais on ne l’a jamais mesuré à lui-même et à son histoire. On peut depuis les côtes d’Afrique, traverser l’atlantique, suivre le cours du Mississipi et remonter la mémoire du blues. On peut plonger dans les bas fonds de New York ou de la Nouvelle Orléans pour retrouver les racines du jazz. Le châabi aussi est habité par les lieux qui l’on vu naître. Et les lieux ont une histoire et le Châabi, chacun pour sa part, ses fondateurs.
Adossée à la méditerranée, Alger du joug colonial, sa Casbah, le ghetto « indigène » pour désigner l’autre, l’inculte, le misérable, son port et ses dockers qui regardaient toutes la richesse du monde leur passer sous le nez, sur leurs dos usés. Entre le vertige des quais et les rêveries de voyage juste au nom des bateaux, c’est le pays de Pépé le Moko vu d’en haut, vu d’en bas, il était celui de la peine quotidienne, des cafés maures, des colères et des rages ravalées. Dans la géographie des ghettos, les cicatrices, à la longue, finissent par devenir des chants et les murs de l’intolérable, les partitions des fureurs futures. Le châabi comme le blues, comme le jazz est un chant du monde, un chant du changement du monde.
On doit, à vrai dire, la fondation de la tradition Châabi, à El Hadj M’Hamed El Anka. Pionnier novateur, il va, lui plus que les autres, incarner avec une voix d’une rare gravité, un monde amère qui fait pleurer le ciel, tomber les montagnes et remuer l’écume des mers. Pour avoir sut, durant son long apprentissage, chercher le savoir auprès des maîtres les plus sûrs et au moment de l’envol, de s’entourer des meilleurs talents, El Anka va réaliser une synthèse musicale inédite jusque là. Tout cela est le fruit d’une longue maturation et El Anka n’est pas tombé du ciel. A peine adolescent, il entre, en tant que percussionniste d’abord, dans l’orchestre de cheikh Nador qui fut, plus que son maître, son père spirituel. On oublie trop souvent les autres, a qui il doit, une solide formation musicale, comme Cheikh Abderrahmane Saidi, Sid Ali Oulid Lekehal, Sfindja, Derraz ou encore l’amitié du brillant érudit Sid Ahmed Ben Zekri. Il gardera toute sa vie la même soif d’apprendre, à l’écoute, à la rencontre et à l’exigence maladive, c'est-à-dire sans ornières et dans le meilleur de nous même, dont ont témoigné ses nombreux élèves. Durant ces années 1930 à 1950 et après la longue et sanglante « pacification » coloniale, la crise de 1929 va jeter sur les routes de la faim des milliers d’algériens vers les grandes villes et, à la seconde guerre mondiale, ils seront nombreux a servir de chair à canon, aux premières lignes contre le nazisme, les plus meurtrières. Le compte à rebours avait déjà commencé. Il restait le temps des ruptures douloureuses, brutales comme les réveils tardifs, mais salvatrices d’énergies trop longtemps en attentes. Une rupture politique certes. Mais, et on ne le dit jamais assez, les artistes aussi étaient aux premières loges.
Au moment du puissant mouvement fédérateur autour de la question nationale, l’audace et le génie d’El Anka est d’avoir su faire tomber les barrières entre la musique andalouse et le châabi, le Medh et le Moghrabi, le bédouin et le citadin, le profane et le sacré. Il forgeait ainsi, à la force du bras, une œuvre et un public mais aussi des disciples. Nourrit aux sèves les plus précieuses des traditions musicales maghrébines, conservées jusque là jalousement et qu’il va « revivifier », il restera également, à l’écoute des musiques de son temps. On lui doit la structure actuelle de l’orchestre Châabi, souple, mobile et qui fait penser aux formations du Jazz Band. Tout naturellement, il retrouvera dans le Melhun, la musicalité infiniment riche des mots de la poésie et dans cette liberté, nouvelle pour l’époque, celle d’inventer son propre son. Dans la structure musicale même de la qacida, il imposera la force de son interprétation. Et plus encore, en collaboration avec Belido, artisan luthier ; entre la mondoline et le luth, il inventera le mandole, dont il avait le don particulier et inimitable de faire claquer les cordes. Mais tout cela a le prix de la solitude qui forge les caractères et El Anka n’en manquait pas, mais aussi d’avoir nourri l’amertume et l’orgueil blessé du maître à la fin de sa vie, précisément par le manque de liberté. La liberté justement, qui avait fait toute la force d’un genre musical, aujourd’hui national et qui, quand tout le poussait au repli sur soi, a su s’ouvrir au talent et à la création.

MICHEL COSEM ECRIVAIN












MICHEL COSEM vient de publier
La nuit des naufrageurs *

Un enfant sauvage de l’île d’Oléron, une fille pauvre de Biarritz qui vend du poisson dans les rues, le fils d’un paysan affamé, d’Andalousie : ces trois destinées vont se rencontrer sur des bateaux corsaires, dans les îles Caraïbes, celle de la Tortue en particulier.En plein coeur du XVIIe siècle.Michel Cosem mêle aventures souvent violentes aux descriptions et à la vie des îles, des pirates et de ceux qui vivent de leurs exploits. Océan et bateaux servent de fantastiques décors à une époque revisitée avec sensibilité et originalité.Embarquez-vous dès maintenant Etonnantes, lincroyables aventures de trois jeunes gens au pays des pirates et des Corsaires. Une atmosphère décrite avec talent par un écrivain d’aujourd’hui, reconnu et apprécié
*Editeur Du Pierregord


Michel COSEM est originaire de Toulouse où il a fait ses études supérieures. En 1960, il a fondé la revue « Encres Vives » qui est devenue une référence dans l’édition poétique.
Poète, romancier, Michel Cosem écrit également pour la jeunesse. Ses romans parlent des Pyrénées comme du grand Sud, du passé, des châteaux du Moyen age et de la vie future. Qualifié par Robert Sabatier de « poète intérieur », il est dépeint comme « un voyageur contemplatif dans l’aveuglant paradis » par Gilles Lades
Il a publié de nombreux titres, dont, notamment :

Romans
Haute serre ( Robert Laffont)
La colombe et l’épervier (LOUBATIERES)
Les oiseaux du Mont perdu ( Milan)
Les neiges rebelles de l’Artigou ( Milan)
LA rose rouge du désert (Le Laquet)

Contes

Contes traditionnels de Pyrénées
Contes traditionnels du Pays basque
Contes traditionnels de Catalogne

Poésie
Lieu ultime ( Rougerie )
Giboulées de neige et d’oiseaux ( Lo pais )
Lafontaine aux mille amphores (L’Harmattan)
Ecritoire d’une feuille ( De Surtis)
La poésie, ce roman ( Lanore)

Il a obtenu le Prix Artaud et le Prix Malrieu .
**
Michel Cosem:
Imaginer, c'est créer le réel!


A.K. : Votre ami, le poète Claude Michel Cluny, affirme : « La poésie est la première parole ». Ne pensez-vous pas qu’en ces temps technologiques, la parole est à présent reléguée au second plan, au profit de l’image ?

Michel Cosem : Je pense, c’est vrai, que la poésie est parole première. C’est pour cela que je ne m’étonne pas qu’elle existe encore. Elle est porteuse de valeurs, de plaisirs que les images ne remplaceront pas. Elle est toujours fondatrice car elle concerne le langage qui est le lien premier entre les hommes. Je ne suis pas du tout pessimiste en ce qui concerne l’avenir de la poésie.La poésie semble pourtant avoir déserté l’espace publique pour se réfugier dans les expériences de laboratoire. A qui la faute ? A la modernité ou au narcissisme du poète ? Y a-t-il dans ces conditions un avenir pour la poésie ?M.C.
C’est vrai que le manque de public, l’absence de grands brassages d’idées fait que parfois autour de la poésie se constitue de petites ( et souvent ridicules) coteries. C’est inévitable. Mais par ailleurs, je ne suis pas contre non plus les expériences de « laboratoire ».En tant que directeur d’Encres Vives, je puis dire que je reçois chaque jour beaucoup de textes très divers, lesquels sont lus par la suite, non par un très grand public, mais par des lecteurs passionnés. Par ailleurs enfin, je sais qu’une simple lecture dans des bibliothèques ou ailleurs peut toucher un public plus vaste qui découvre et adhère sans problème à la poésie d’aujourd’hui.

A.K. : Vous mélangez, avec bonheur, les différents genres d’écritures. Est-ce par nécessité éditoriale ou par ambivalence personnelle ?


M.C. : Il y a dans l’écriture de romans ou de contes, un plaisir tout aussi vif que dans la poésie. Pour moi, le langage est unique, la parole poétique toujours première. Ensuite il y a des applications différentes. Dans chaque cas, j’essaie de faire en sorte que mon écriture soit le plus possible la plus chargée d’imaginaire.

A.K. :A coté de la poésie, du roman, des nouvelles et de l’essai, vous écrivez aussi des livres pour la jeunesse. Le monde des adultes vous paraît-il trop étroit ? Est-ce pour illustrer votre formule : « imaginer c’est créer le réel » ?

M.C. : Dans la littérature pour la jeunesse, il y a une force qui me plait, un public neuf sans a priori, prêt à jouer le jeu de l’imaginaire. De plus, en France il y a un vaste engouement pour cette littérature. Un livre de poche est d’emblée éditée à 20. 000 exemplaires. Mon « Best-seller » en ce domaine, « La chevauchée de la délivrance », aux éditions Milan, s’approche des 100.000 exemplaires.

A.K. : Vous plongez souvent dans le passé. Le Moyen age vous attire plus particulièrement. Le merveilleux ne serait-il que derrière nous ?

M.C. : Oui, le Moyen âge m’attire car il me semble que cela a été le monde de tous les possibles.L’histoire s’est faite là alors qu’elle aurait pu se développer d’une façon toute différente. Cela me fascine et m’ouvre bien des possibilités sur le plan de la création.
J’ai, par exemple, reconstitué l’histoire du Sud de la France dans La Colombe et l’épervier (Ed.Loubatières). J’ai d’autres projets très ambitieux.
Je ne pense pas que le merveilleux soit derrière nous.
Il est partout pourvu que l’on sache le rencontrer.
La littérature, la poésie aident à cela, et, c’est dans cette mesure qu’elles sont irremplaçables.
Entretien réalisé par Abdelmadjid Kaouah

**
UN POEME DE MICHEL COSEM

Je pense et je souris
Du sable plein la gorge
Aux lieux d’algues profondes
Où dansent les frissons
Où la terre est une dormeuse
Où les rivières s’en vont avec des chants d’oiseaux

Au seuil de la marée
Soufflent les cornes de brume
Un peuple à mémoire grise l’habite
De petites lèvres palpitent dan l’écume
Eparpillent les secrets et les envies

Ainsi chante la géographie des grands sentiments
Cet espace entre la joue et la dent
Le récif et l’éclair
Et cette crainte couleur de matin

Entre l’odeur du café et l’écho d’un poème.


(Extrait de Pays d’argile, La Bartavelle Editeur, 1996)

dimanche 6 avril 2008

EXILS ET ROYAUMES


A Cahors mars 2008


"... Parmi les écrivains de l'exil, il y a ceux qui disent tout leur déchirement, conviant les mythes, appelant à la conscience du monde, rappelant combien la condition de l'exilé est une épreuve, une injustice. D'autres décrivent moins leur désarroi que celui des leurs.
D'autres, pour qui toutes les cultures se valent, savent qu'elles s'enrichissent l'une l'autre, toujours.
Abdelkader Djemaï est plutôt de ceux-là, de ceux qui montrent l'humain avant de stigmatiser l'être, de ceux pour qui l'Histoire est porteuse de sens, parce que c'est l'homme qui est toujours- hors de la fatale absurdité des croyances- l'artisan de sa propre histoire."
Martine Delort in la revue "Brèves.

vendredi 4 avril 2008

ECLAIREURS D'AUBE AU MAGHREB







Abdellatif Laâbi

Petite vague
Petite vague de joie pure
sois la bienvenue
au milieu de l’océan des peines
Grâce à toi je sais
qu’il n’est pas vain d’espérer une trêve
dans le cycle de l’horreur
que dans le cahier de l’amour
il me reste des pages blanches
qu’un ami perdu de vue
me fera le plus inattendu des signes
qu’une autre vie
à la flamme brève mais inouïe
m’attend encore dans cette vie
Petite vague de joie pure
puisses-tu éclairer d’un sourire
le visage esquissé
de chaque destinataire de ces lignes !


Voilà en guise de vœux, et en signe d’amitié vive.

Abdellatif Laâbi
O5/01/2008
( à suivre)